Tablette d'argile intacte vieille de 4000 ans

Imaginez un fragment d'argile, méticuleusement façonné et gravé il y a plus de 4000 ans, traversant les millénaires pour nous révéler les secrets d'une civilisation disparue. Ces tablettes d'argile mésopotamiennes, vestiges fragiles du passé, sont bien plus que de simples objets archéologiques. Elles constituent des fenêtres ouvertes sur les sociétés anciennes, leurs pensées, leurs lois et leurs aspirations. La Mésopotamie, berceau de l'écriture, a légué au monde un héritage inestimable sous la forme de ces documents exceptionnels, aujourd'hui conservés dans les musées du monde entier, notamment en Asie. Elles sont un témoignage tangible d'un passé riche et complexe, contribuant de manière significative au tourisme culturel, attirant des millions de visiteurs chaque année.

Ces artefacts, exhumés des profondeurs du temps, témoignent d'une ingéniosité humaine remarquable, non seulement dans l'acte d'écrire en cunéiforme, mais aussi dans la manière de préserver cette écriture pour la postérité. La survie de ces tablettes d'argile jusqu'à nos jours n'est pas le fruit du hasard. Elle résulte d'une combinaison de facteurs, parmi lesquels les techniques de cuisson employées occupent une place primordiale. La question se pose donc avec acuité : dans quelle mesure les techniques de cuisson employées ont-elles contribué à la longévité des tablettes d'argile, ces précieux supports d'écriture cunéiforme, et quels sont les autres facteurs qui influencent leur conservation à long terme ? L'exploration de ce sujet nous permettra de mieux comprendre l'importance de ces objets pour notre connaissance du passé et le rôle essentiel qu'elles jouent dans le tourisme culturel moderne en Asie, générant des revenus touristiques considérables.

L'argile, matériau d'écriture : préparation et façonnage

Avant d'être les supports d'écriture durables que nous connaissons, les tablettes d'argile étaient avant tout composées d'un matériau brut, malléable et abondant : l'argile. Comprendre la nature de cette matière première et les étapes de sa transformation est essentiel pour appréhender l'ensemble du processus qui aboutit à la création d'une tablette capable de résister à l'épreuve du temps. La sélection et la préparation de l'argile jouaient un rôle crucial dans la longévité des tablettes, tout comme le soin apporté à leur façonnage et à l'inscription des textes en écriture cunéiforme. La préparation méticuleuse de l'argile influait directement sur la qualité et la préservation des tablettes.

Caractéristiques de l'argile

L'argile utilisée pour la fabrication des tablettes n'était pas uniforme. Différents types d'argile étaient disponibles dans les plaines alluviales de Mésopotamie, chacun présentant des propriétés spécifiques en termes de composition minéralogique, de plasticité et de résistance après cuisson. L'argile alluvionnaire, souvent déposée par les fleuves tels que le Tigre et l'Euphrate, était particulièrement prisée pour sa finesse et sa malléabilité, facilitant la gravure des caractères cunéiformes. La présence de minéraux tels que l'illite, la kaolinite ou la montmorillonite influençait considérablement le comportement de l'argile lors du séchage et de la cuisson, affectant la durabilité de la tablette. La disponibilité de l'eau, élément essentiel à la plasticité de l'argile, était également un facteur déterminant dans le choix des sites de production. Il est donc crucial de considérer l'environnement géographique dans lequel ces tablettes ont été créées, notamment en Mésopotamie et dans les régions avoisinantes d'Asie.

  • Différents types d'argile étaient disponibles, chacun affectant la durabilité des tablettes d'argile.
  • La composition minéralogique influençait la résistance après cuisson et la préservation de l'écriture cunéiforme.
  • L'eau était un élément essentiel à la plasticité de l'argile, disponible grâce aux fleuves Tigre et Euphrate.

Préparation de l'argile

Avant de pouvoir être façonnée, l'argile brute devait subir une préparation minutieuse pour la création des tablettes d'argile. La première étape consistait à nettoyer l'argile pour éliminer les impuretés telles que les cailloux, les fragments végétaux et autres matières organiques, pouvant atteindre jusqu'à 5% du volume brut. Ces impuretés, si elles étaient laissées en place, pouvaient affaiblir la structure de la tablette et provoquer des fissures lors du séchage ou de la cuisson. Ensuite, l'argile était malaxée, un processus qui consistait à la pétrir vigoureusement pendant environ 30 minutes pour assurer une consistance homogène et éliminer les bulles d'air. Un malaxage insuffisant pouvait entraîner des déformations ou des ruptures lors de la cuisson, compromettant la conservation de l'écriture cunéiforme. Des traces de sable ont été retrouvées dans l'argile de certaines tablettes, ajoutées intentionnellement pour réduire le retrait.

Parfois, des substances supplémentaires étaient ajoutées à l'argile pour améliorer ses propriétés et la longévité des tablettes. L'ajout de sable, par exemple, pouvait réduire le retrait de l'argile lors du séchage et de la cuisson, diminuant ainsi le risque de fissures, de l'ordre de 1 à 3%. L'ajout de paille hachée pouvait également améliorer la résistance au choc thermique lors de la cuisson, en créant une structure poreuse qui permettait à la vapeur d'eau de s'échapper plus facilement, réduisant le risque d'explosion. On peut établir un parallèle avec les techniques modernes de poterie, où l'on utilise également des additifs pour contrôler les propriétés de l'argile. Les premières tablettes d'argile datent d'environ 3200 avant J.C., témoignant de l'importance de cette innovation.

Façonnage des tablettes

Une fois l'argile préparée, elle était façonnée en tablettes de différentes formes et tailles, en fonction de l'usage auquel elles étaient destinées, et du type de texte à transcrire. Les tablettes destinées à l'écriture de lettres ou de contrats, comme les célèbres lettres d'Amarna, étaient généralement de petite taille, mesurant entre 5 et 15 cm de côté, tandis que les tablettes contenant des archives ou des textes littéraires, tels que l'Épopée de Gilgamesh, pouvaient être beaucoup plus grandes, atteignant parfois 30 cm de long. La forme des tablettes pouvait également varier : rectangulaire, carrée, ronde ou même conique. Les outils utilisés pour le façonnage étaient simples mais efficaces, comprenant des calames (tiges de roseau taillées en biseau) pour l'inscription et d'autres instruments pour lisser la surface de l'argile. La taille moyenne d'une tablette administrative était d'environ 10 centimètres de long et 5 centimètres de large.

L'inscription des textes se faisait par impression ou par incision. L'impression consistait à enfoncer le calame dans l'argile fraîche pour créer des marques en forme de clous, donnant naissance à l'écriture cunéiforme, dont le nom signifie littéralement "en forme de clou". L'incision, quant à elle, consistait à graver les signes dans l'argile à l'aide d'un outil pointu, une technique moins courante. La pression exercée sur le calame et l'angle d'inclinaison influençaient la profondeur et la forme des signes cunéiformes. Le processus de fabrication d'une tablette était donc un acte méticuleux et précis, nécessitant une grande habileté et une connaissance approfondie des techniques de l'écriture cunéiforme. Il est possible d'imaginer un scribe méticuleux, préparant son argile, façonnant la tablette avec soin, puis inscrivant les signes avec une précision extrême, conscient de l'importance de son travail pour la transmission du savoir. Certaines tablettes contenaient jusqu'à 1000 caractères cunéiformes, témoignant de la densité de l'information qu'elles pouvaient contenir.

Techniques de cuisson : du séchage à la calcination

La cuisson des tablettes d'argile est une étape cruciale qui détermine leur durabilité et leur capacité à résister aux épreuves du temps. Du simple séchage au soleil à la cuisson dans des fours complexes, les techniques employées variaient en fonction des époques, des régions et des ressources disponibles. Chaque méthode présentait ses avantages et ses inconvénients, influençant considérablement la longévité des tablettes et la préservation des textes cunéiformes. Comprendre ces différentes techniques de cuisson est essentiel pour appréhender l'ensemble du processus de fabrication et les facteurs qui contribuent à la conservation de ces précieux témoignages du passé mésopotamien.

Séchage initial

Avant d'être cuites, les tablettes d'argile devaient subir un séchage initial, une étape essentielle pour la préparation des tablettes. Cette étape était essentielle pour éliminer l'excès d'eau contenu dans l'argile et réduire le risque de fissures lors de la cuisson, pouvant atteindre jusqu'à 20% de leur volume initial. Le séchage devait être lent et progressif, car un séchage trop rapide pouvait provoquer des tensions internes dans l'argile et entraîner des déformations ou des ruptures, rendant les tablettes illisibles. Les tablettes étaient généralement placées à l'air libre, à l'ombre, pour éviter une évaporation trop rapide de l'eau. La durée du séchage variait en fonction de la taille des tablettes, des conditions climatiques et du type d'argile utilisé, allant de quelques jours à plusieurs semaines. Le taux d'humidité idéal pendant le séchage était d'environ 50%, contrôlé avec soin par les artisans.

L'observation des conditions météorologiques jouait un rôle important dans la planification de la fabrication des tablettes d'argile. Les artisans tenaient compte de la température, de l'humidité et de la présence de vent pour déterminer la durée et les modalités du séchage. Par temps chaud et sec, les tablettes étaient protégées du soleil direct pour éviter un séchage trop rapide, souvent recouvertes de tissus humides. Par temps humide, elles étaient placées dans un endroit ventilé pour favoriser l'évaporation de l'eau, utilisant des courants d'air artificiels. La connaissance des cycles saisonniers et des phénomènes climatiques locaux était donc essentielle pour garantir la réussite du processus de séchage. Une tablette standard pouvait mettre jusqu'à 2 semaines à sécher complètement, avant de passer à l'étape de la cuisson.

Cuisson au soleil

La cuisson au soleil était la méthode la plus simple et la plus ancienne de cuisson des tablettes d'argile, utilisée principalement pour les documents temporaires. Elle consistait à exposer les tablettes au soleil pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, afin de les durcir. Cette méthode présentait l'avantage d'être peu coûteuse et de ne pas nécessiter de combustible, une ressource parfois rare. Cependant, elle offrait une durabilité limitée, car les tablettes séchées au soleil restaient sensibles à l'humidité et à l'érosion, se désagrégeant avec le temps. Cette technique était plus efficace dans les climats chauds et secs de Mésopotamie. La température atteinte par la cuisson au soleil pouvait atteindre 45 degrés Celsius, insuffisante pour une transformation durable de l'argile.

Les tablettes séchées au soleil peuvent être comparées aux briques crues, également utilisées dans la construction en Mésopotamie. Si les briques crues sont relativement solides et pouvaient être utilisées pour construire des bâtiments, elles restaient vulnérables à l'eau et se désagrégeaient avec le temps, nécessitant un entretien constant. De même, les tablettes séchées au soleil étaient plus fragiles que les tablettes cuites dans des fours. Contrairement aux tablettes cuites, elles ne subissent pas la transformation chimique qui confère à la céramique sa résistance et sa durabilité. Les tablettes cuites au soleil pouvaient se désagréger en 5 ans, les rendant impropres à la conservation d'archives importantes.

Cuisson dans des fours rudimentaires

Pour améliorer la durabilité des tablettes d'argile, les artisans ont développé des techniques de cuisson dans des fours rudimentaires, marquant une avancée significative dans la conservation des écrits. Ces fours pouvaient prendre différentes formes : foyers ouverts, fours à coupole, fours à plusieurs chambres, chacun offrant un niveau de contrôle différent sur la température. Les foyers ouverts étaient les plus simples, consistant en un simple tas de combustible (bois, bouse séchée, roseaux) sur lequel les tablettes étaient placées. Les fours à coupole, quant à eux, étaient des structures plus élaborées, permettant de mieux contrôler la température et de répartir la chaleur de manière plus uniforme, réduisant le risque de fissures. Les fours à plusieurs chambres permettaient de cuire plusieurs lots de tablettes simultanément, augmentant l'efficacité de la production. La construction d'un four à coupole pouvait prendre jusqu'à une semaine, nécessitant une expertise et une planification minutieuse.

Le contrôle de la température dans ces fours rudimentaires était difficile et approximatif, reposant sur l'expérience des artisans et leur observation attentive des signes de cuisson. Les artisans se basaient sur leur expérience et leur observation pour ajuster la quantité de combustible et la durée de la cuisson, une compétence transmise de génération en génération. Ils pouvaient observer la couleur de la flamme pour estimer la température, en sachant que les flammes bleues indiquaient des températures plus élevées que les flammes jaunes ou orangées. Dans certains cas, des cônes pyrométriques primitifs étaient utilisés pour évaluer la température, en observant leur déformation sous l'effet de la chaleur. La température dans ces fours pouvait varier entre 600 et 800 degrés Celsius, suffisante pour transformer l'argile en une forme de céramique plus résistante. La surveillance constante était nécessaire pour éviter une surcuisson ou une cuisson insuffisante.

  • Foyers ouverts : Simples mais difficiles à contrôler, adaptés aux petites productions de tablettes.
  • Fours à coupole : Meilleur contrôle de la température, permettant une cuisson plus uniforme des tablettes.
  • Fours à plusieurs chambres : Cuisson de plusieurs lots simultanément, augmentant l'efficacité pour les grandes archives.

Cuisson à haute température

La cuisson à haute température joue un rôle crucial dans la transformation chimique de l'argile, la transformant en une forme de céramique durable, essentielle pour la conservation à long terme des informations. Cette transformation confère à la tablette une résistance, une dureté et une imperméabilité accrues, lui permettant de résister aux épreuves du temps, aux variations climatiques et aux agressions environnementales. La température de cuisson influence la formation de nouveaux minéraux et la densification de la structure de l'argile, renforçant sa solidité. Plus la température est élevée, plus la transformation est complète et plus la tablette est durable. La température idéale pour la cuisson de l'argile est d'environ 900 degrés Celsius, permettant une vitrification partielle de la surface.

La cuisson à haute température provoque des réactions chimiques complexes au sein de l'argile, transformant sa structure moléculaire et la rendant plus résistante. Tout d'abord, l'eau chimiquement liée à l'argile est libérée, entraînant une diminution du volume de la tablette, d'environ 5 à 10%. Ensuite, les minéraux argileux se transforment en nouveaux minéraux, tels que la mullite et la cristobalite, qui sont plus résistants à la chaleur et à l'érosion. La structure de l'argile devient également plus dense, réduisant sa porosité et sa perméabilité, empêchant l'infiltration d'eau et la dégradation par les sels. Les tablettes cuites à haute température peuvent résister à des températures allant jusqu'à 1000 degrés Celsius, témoignant de leur durabilité exceptionnelle. La couleur de la tablette change également, virant vers des teintes plus rouges ou brunes.

Refroidissement

Après la cuisson, le refroidissement des tablettes est une étape délicate qui doit être réalisée avec soin pour éviter les fissures et les chocs thermiques, pouvant compromettre des semaines de travail. Un refroidissement trop rapide peut provoquer des tensions internes dans l'argile, entraînant des déformations ou des ruptures, rendant la tablette inutilisable. Le refroidissement doit donc être lent et contrôlé, en laissant les tablettes refroidir progressivement dans le four, pendant plusieurs jours. La durée du refroidissement peut varier de plusieurs heures à plusieurs jours, en fonction de la taille des tablettes et de la température de cuisson. Un refroidissement progressif peut prendre jusqu'à 48 heures, voire plus pour les grandes tablettes archivistiques, assurant une solidité maximale.

Facteurs influençant la longévité des tablettes (au-delà de la cuisson)

Si les techniques de cuisson jouent un rôle essentiel dans la longévité des tablettes d'argile, d'autres facteurs entrent également en jeu, affectant leur survie à travers les siècles. La nature de l'argile utilisée, les conditions de conservation des tablettes après leur fabrication, ainsi que les événements accidentels ou géopolitiques peuvent influencer leur survie à travers les siècles. Il est donc important de considérer l'ensemble de ces facteurs pour comprendre comment ces précieux témoignages du passé ont pu parvenir jusqu'à nous, défiant le temps et les éléments.

Nature de l'argile

La composition minéralogique de l'argile influence considérablement la durabilité des tablettes après cuisson, affectant leur résistance à la dégradation. Certaines argiles, riches en certains minéraux, sont plus résistantes à la chaleur, à l'érosion et à l'humidité que d'autres. La présence d'impuretés, telles que des matières organiques ou des sels solubles, peut également affecter la longévité des tablettes, créant des points de faiblesse dans la structure. La présence de calcaire dans l'argile peut rendre la tablette plus fragile, sensible à l'acidité du sol. La sélection de l'argile était donc une étape cruciale pour assurer la conservation à long terme.

La présence de minéraux tels que le quartz ou le feldspath peut augmenter la résistance de l'argile après cuisson, agissant comme des agents de renforcement, en formant une structure plus solide et plus dense. En revanche, la présence de minéraux argileux expansifs, tels que la montmorillonite, peut rendre l'argile plus sensible aux variations d'humidité, entraînant des fissures et des déformations. Le type d'argile utilisé influence la couleur finale de la tablette, variant du beige au rouge foncé en fonction des oxydes de fer présents. L'analyse de la composition de l'argile est essentielle pour comprendre la durabilité des tablettes.

Conditions de conservation

Les conditions de conservation des tablettes après leur fabrication jouent un rôle crucial dans leur longévité, déterminant leur état actuel. L'humidité, la température et la lumière peuvent avoir un impact significatif sur la dégradation de l'argile, accélérant sa désintégration. L'humidité favorise le développement de micro-organismes qui peuvent attaquer l'argile et provoquer sa désintégration, créant des biofilms à la surface. La température peut entraîner des dilatations et des contractions de l'argile, provoquant des fissures et des déformations, affaiblissant la structure. La lumière, en particulier les rayons ultraviolets, peut décolorer l'argile et altérer sa structure, rendant les inscriptions illisibles. La conservation dans des endroits sombres et secs est donc préférable pour minimiser la dégradation.

L'enfouissement des tablettes dans le sol peut les protéger des intempéries, mais il peut également les exposer à l'acidité du sol, qui peut attaquer l'argile et provoquer sa dégradation, dissolvant les minéraux constitutifs. Paradoxalement, les incendies peuvent parfois contribuer à la conservation des tablettes, en les calcinant et en les transformant en céramique, les rendant plus résistantes à l'humidité. Cependant, les incendies peuvent également détruire complètement les tablettes, en les réduisant en cendres. Certaines tablettes ont été retrouvées dans des puits, offrant un environnement stable et protégé, ce qui a contribué à leur conservation exceptionnelle.

Manipulation et conservation modernes

Les techniques de restauration et de conservation utilisées dans les musées jouent un rôle essentiel dans la préservation des tablettes d'argile pour les générations futures, assurant leur accessibilité aux chercheurs et au public. Ces techniques visent à stabiliser l'argile, à consolider les fragments et à protéger les tablettes contre les agressions extérieures, prolongeant leur durée de vie. Les conservateurs utilisent des produits spécifiques pour nettoyer les tablettes, éliminer les sels solubles et renforcer leur structure, minimisant le risque de dégradation future. Le nettoyage des tablettes est une étape délicate qui nécessite une grande expertise, afin de ne pas endommager les inscriptions cunéiformes. L'utilisation de lasers pour nettoyer les tablettes est une technique moderne, permettant un nettoyage précis et non invasif.

La manipulation excessive, la pollution atmosphérique et les fluctuations climatiques peuvent également causer des problèmes de dégradation des tablettes, nécessitant une surveillance constante. Il est donc important de manipuler les tablettes avec précaution, de les protéger contre la pollution et de les conserver dans des environnements stables en termes de température et d'humidité. Les tablettes sont souvent conservées dans des vitrines climatisées, maintenant une température constante de 20 degrés Celsius et une humidité relative de 50%. La restauration d'une tablette endommagée peut prendre plusieurs mois, voire des années, nécessitant une expertise spécialisée et un travail minutieux.

  • Stabiliser l'argile et prévenir la dégradation.
  • Consolider les fragments et réparer les fissures.
  • Protéger contre les agressions extérieures et la pollution.

Facteurs accidentels et géopolitiques

Les guerres et les pillages ont souvent entraîné la destruction ou le déplacement des tablettes d'argile, affectant leur disponibilité pour la recherche et le tourisme. De nombreux sites archéologiques ont été pillés, et des milliers de tablettes ont été perdues ou endommagées, privant le monde d'informations précieuses sur le passé. Les conflits armés mettent en péril le patrimoine archéologique et rendent difficile la conservation des tablettes, les exposant à la destruction et au vandalisme. La reconstruction des sites archéologiques après les conflits est un défi majeur, nécessitant des ressources considérables et une coopération internationale. L'Irak a perdu une partie importante de son patrimoine archéologique lors des guerres, soulignant l'urgence de protéger ce trésor culturel.

Les découvertes fortuites lors de fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour des milliers de tablettes, enrichissant considérablement notre connaissance des civilisations anciennes, offrant de nouvelles perspectives sur l'histoire de l'humanité. Cependant, de nombreux sites archéologiques restent encore à explorer, et il est probable que de nouvelles découvertes soient faites à l'avenir, révélant des secrets longtemps enfouis. La découverte de la bibliothèque d'Assurbanipal à Ninive, contenant plus de 30 000 tablettes, a été une étape importante dans la compréhension de la culture mésopotamienne. Les fouilles archéologiques sont souvent financées par des organisations internationales, soulignant l'importance de la coopération pour la préservation du patrimoine mondial.

L'apport des analyses scientifiques

Les analyses scientifiques jouent un rôle de plus en plus important dans l'étude des tablettes d'argile, permettant d'obtenir des informations précises sur leur composition, leur datation et leur mode de fabrication, révolutionnant notre compréhension du passé. Ces analyses contribuent à une meilleure compréhension des techniques de cuisson utilisées par les anciens et des facteurs qui influencent la longévité des tablettes, ouvrant de nouvelles perspectives de recherche. Les techniques d'analyse sont en constante évolution, offrant de nouvelles perspectives sur l'étude des tablettes d'argile, et permettant une datation plus précise et une analyse plus détaillée.

Méthodes d'analyse de l'argile

La diffractométrie des rayons X (DRX) est une technique couramment utilisée pour identifier la composition minéralogique de l'argile, permettant d'identifier les différents minéraux présents et leur proportion relative. Cette technique permet de déterminer les types de minéraux présents dans l'argile et leur proportion relative, fournissant des informations sur l'origine et la qualité de l'argile utilisée. La microscopie électronique à balayage (MEB) permet d'étudier la microstructure de l'argile, en visualisant les grains minéraux et leur arrangement à une échelle microscopique. La thermographie différentielle (ATD) permet d'analyser les transformations thermiques de l'argile, en mesurant les variations de température lors du chauffage, fournissant des informations sur les températures de cuisson et les réactions chimiques impliquées. La DRX permet d'identifier la présence de quartz, de feldspath ou de calcaire dans l'argile, influençant sa durabilité.

Datation des tablettes

La datation des tablettes peut se faire par des méthodes indirectes, telles que la stratigraphie et la typologie, permettant d'estimer leur âge relatif. La stratigraphie consiste à étudier les couches géologiques dans lesquelles les tablettes ont été découvertes, en se basant sur le principe que les couches les plus profondes sont les plus anciennes. La typologie consiste à comparer les caractéristiques des tablettes (forme, taille, écriture) avec celles d'autres tablettes dont la datation est connue. Ces méthodes permettent d'estimer l'âge des tablettes avec une marge d'erreur de plusieurs siècles, fournissant un cadre chronologique pour l'étude des civilisations anciennes. La datation des tablettes est essentielle pour reconstituer l'histoire des civilisations anciennes, permettant de replacer les tablettes dans leur contexte historique.

La thermoluminescence (TL) et la luminescence stimulée optiquement (OSL) sont des méthodes de datation directe qui peuvent être utilisées pour dater les tablettes cuites, offrant une datation plus précise. Ces méthodes se basent sur le principe que les minéraux accumulent de l'énergie au fil du temps en raison de l'exposition aux radiations naturelles. En chauffant les minéraux (TL) ou en les exposant à la lumière (OSL), l'énergie accumulée est libérée sous forme de lumière, dont l'intensité est proportionnelle à l'âge de la tablette. Ces méthodes permettent de dater les tablettes avec une marge d'erreur de quelques décennies, fournissant une datation plus précise que les méthodes indirectes. La datation au carbone 14 n'est pas applicable aux tablettes d'argile, car elles ne contiennent pas de matière organique.

Analyse des résidus organiques

L'analyse des résidus organiques présents sur les tablettes peut fournir des informations précieuses sur les combustibles utilisés pour la cuisson, ainsi que sur d'autres aspects de la vie quotidienne. En identifiant les types de plantes ou d'animaux dont proviennent les résidus organiques, il est possible de reconstituer les pratiques de cuisson utilisées par les anciens, ainsi que leur alimentation et leur environnement. L'analyse des résidus organiques permet également d'identifier des substances qui ont pu être utilisées pour imperméabiliser ou protéger les tablettes, offrant un aperçu des techniques de conservation. L'identification de résidus de bitume sur une tablette suggère qu'elle a été utilisée pour stocker des liquides, fournissant des informations sur sa fonction.

L'analyse des résidus organiques permet d'identifier des substances telles que des huiles végétales, des graisses animales ou des résines végétales. Ces substances peuvent avoir été utilisées pour protéger les tablettes contre l'humidité ou pour faciliter l'écriture. L'analyse des résidus organiques peut également révéler des informations sur l'alimentation et les pratiques agricoles des civilisations anciennes, offrant un aperçu de leur mode de vie. L'étude des résidus organiques est un domaine de recherche en pleine expansion, offrant de nouvelles perspectives sur l'étude des tablettes d'argile.

Les techniques de cuisson ont joué un rôle crucial dans la longévité des tablettes d'argile, mais d'autres facteurs, tels que la nature de l'argile, les conditions de conservation et les événements historiques, ont également contribué à leur survie. L'étude de ces tablettes nous offre un aperçu précieux des civilisations anciennes et de leur ingéniosité, permettant une meilleure compréhension du passé et contribuant au tourisme culturel en Asie. Ces objets continuent de nous fasciner et de nous apprendre sur notre passé, témoignant de la richesse du patrimoine mésopotamien.